Dimanche 5 juillet, matin : réveil à 4h30, après maximum 3h de sommeil à cause de la chaleur... dur ! 1h20 de route pour rejoindre Wangenbourg et le départ de cette première de l'Elsass'Bike. Sur la route, un panneau lumineux dans un village : "bonjour, il est 5h30, il fait 25°". Malgré un petit orage cette nuit qui a collé un peu la poussière, côté température ça s'est pas arrangé... on va souffrir !
Retrait du sac coureur, avec un super accueil, présentations, et explications sur le parcours et ses différentes boucles, ça donne bien envie.
Départ groupé à 7h00 pour le 130km, on doit être une trentaine maxi. Petite allée puis piste, on prend de l'altitude assez rapidement, ce qui nous offre de jolies vues sur les massifs environnants : c'est beau ! Petite descente sur piste pour rejoindre le premier des sept ravitaillements de la journée.
Suite de la descente et on prend un petit single très sympathique, typiquement vosgien sur les épines de sapins, les racines et les cailloux. Je détecte un bruit suspect sur le vélo, je m'arrête pour constater que l'étrier de frein arrière bouge ! Précisément l'adaptateur IS>PM s'est desserré. Deux coups de vis et c'est réglé, mais j'ai eu du bol de pas perdre de vis, je n'ai pas de rechange sur moi et ça aurait pu être la fin de la balade. On est alors au km 21, je repars pour finir cette super descente au milieu des sapins humides.
Puis une alternance de pistes, allées, je me souviens aussi d'un chouette single le long d'un ruisseau, bref ça roule tranquille. Toutefois physiquement c'est pas génial, j'ai un peu mal à la cuisse (séquelle de la chute à Millau, j'ai encore un petit hématome qui touche un nerf et ça me compresse un peu), et mal au dos (peut-être séquelle de Millau aussi, mais plutôt à cause du poids du sac à dos bourré de flotte je pense).
Km 45 on arrive dans une zone évoquée au départ au briefing, une piste à découvert pendant quelques km. Heureusement on passe assez tôt, mais ça cogne quand même pas mal sur le casque. C'est dingue, autant à l'ombre l'atmosphère est pesante mais reste assez supportable, autant dès qu'on passe au soleil on est instantanément assommé. Premier passage du Col de la Schleif, km 50. Parasol, ravito au top, je dévore les morceaux de pastèques, refais le plein d'eau (le premier d'une longue série).
Descente sur de beaux sentiers, et on repasse à Wangenbourg pour finir la boucle 1, non sans quelques petits taquets pas forcément visibles sur le profil, mais qui font quand même bien mal. Petite pause improvisée au bord d'un (dans un) ruisseau pour refroidir les pieds, les jambes, les bras, la tête... c'est toujours ça de pris pour éviter ou au moins limiter la surchauffe.
Et on repart sur la boucle 2 par une piste montante à nouveau vers le Col de la Schleif, par un chemin différent, une piste large d'abord, puis on bifurque sur un joli single en bord de rivière, ah du frais ! Ca continue assez technique, c'est pas évident sur les racines mais super plaisant à rouler. A la sortie de ce sentier, il me semble qu'on apperçoit le col... en contrebas ! Juste à se laisser descendre tranquillement sur un bout de piste pour y arriver. Petite surprise qui fait un bien fou, à ce moment j'envisage à nouveau la suite avec un peu d'optimisme.
Au ravito je retrouve Gilles qui a l'air d'aller mieux que moi, un participant Allemand qui a l'air d'aller moins bien que moi, et c'est à peu près tout. J'y reste encore un moment, mange bien, le temps de bien récupérer, et ensuite on se concentre sur la descente, je repars avec Gilles. Une descente super extra ! Full single, du cassant, du rapide, du secouant, de belles courbes en tobogan, excellent. Et bien sympa de la faire en duo, on sait jamais ce qui peut arriver et on ne voit pas souvent d'autres vélos sur cette longue promenade. En bas, la claque : un mur d'environ 25% en plein soleil, pas long, peut-être 100m, mais ça calme direct. On bascule pour la fin de la descente... sur une piste de pavés bien secouante. Nouveau ravito en bord de route, qu'on pensait zapper, mais finalement bien utile, ne serait-ce que pour souffler un peu, récupérer de la descente (et ouais) et se tremper à nouveau à la fontaine. On repart sur un joli sentier en balcon en bordure de route, encore un super passage.
Km 87, on est en bas, faut remonter... toujours la même rengaine, c'est ça le vélo hein ! Prochain objectif le ravito du Zollstock au km 100. Une très longue ascension quasiment que sur du sentier plus ou moins raide. Je me traine, je suis cuit. Pas en hypoglicémie, pas trop déshydraté, mais à mon avis juste très très fatigué à cause du manque de sommeil, je m'endors quasiment sur le vélo. Et vaincu par la chaleur. J'ai rarement été aussi à bout, et pourtant j'en ai fait quelques-uns des trucs débiles ces dernièers années. Je m'arrête plusieurs fois, parfois plusieurs minutes, et deux autres participants me dépassent. je retrouve l'un deux (Jérémy) un peu plus haut allongé sur un banc. Il me fait un peu de place, on reste là un moment à se demander ce qu'on fait là. A la fois content de nous, mais impatient d'en finir, mais on est bien quand même à profiter de ce beau tracé, de la forêt... mais bon c'est dur quand même. Débat sans fin, donc on repart. J'annonce qu'après le ravito je redescends et finis sur le 110km, il me dit qu'il insistera pour boucler le 130km. Vu qu'il parait aussi mal que moi, j'en doute fortement. Un des avantages d'être à deux dans ce genre de situation, c'est qu'on peut se concentrer sur les difficultés de l'autre, ça occupe l'esprit. Bon en attendant on finit tous les deux à pieds la dernière portion de sentier encombrée de pierres, et on arrive enfin à ce sacré ravito.
C'est le rassemblement des éclopés ! Ce ravito, il est super dur à rejoindre, mais encore plus à quitter ! En plus les gens (comme partout ailleurs au passage) sont super sympas : "prenez un siège, tenez un verre d'eau fraiche, vous voulez à manger ? que je vous verse un peu d'eau sur la tête ? il nous reste des plateaux repas si vous voulez, attendez je vous remplis votre verre, allongez vos jambes, je pose votre casque là juste à côté...". J'y reste pas loin de 30min je pense. D'autres concurrents arrivent, et ils semblent tous avoir le même vélo... Jérémy me confirme que j'hallucine pas, il est venu dans un groupe d'une quinzaine de son club, et ils roulent tous en Cannondale !
A partir de ce ravito trois options sont discutées parmi tous les concurrents : rentrer par la route (bof), descendre et finir sur le 110km (ça c'est moi, cool), descendre et faire la boucle supplémentaire pour le 130km (on sait jamais). Allez c'est parti... encore 500m de montée avec une petite pause brimbelles, et on bascule dans la descente. Ah que c'est bon cette descente... le tout début (magnifique) est commun avec une descente de la matinée, mais ensuite ça bifurque pour continuer de plus belle. C'est bon et ça passe super vite.
Voilà il ne reste plus qu'à remonter légèrement (et tranquillement) vers l'arrivée. j'entame le retour, et là surprise les jambes répondent super bien. J'essaie d'accélérer, et j'arrive à maintenir un bon rythme. Mais ils ont mis quoi dans mes verres d'eau là-haut ? J'arrive à la séparation des parcours 110/130, pile 10 heures après être parti. à gauche la dernière petite boucle du 130 (encore 16-17km), à droite le retour. Bam, je descends un pignon, j'enquille à gauche, et c'est parti ! Motivé par l'envie de profiter un maximum de ma dernière sortie du séjour, un peu dans un état second par cet étonnant second souffle retrouvé, je roule pendant 40min quasiment en rythme XC court, un truc de fou, et gros gros plaisir d'avoir de telles sensations après 10h de rando. J'en rattrape Jérémy juste avant le dernier ravito, il me demande ce que j'ai pris, peut-être les brimbelles !! On ne s'arrête pas longtemps et on s'attaque à la dernière longue bosse, très éprouvante, d'abord dans les champs en plein soleil, et ensuite un interminable single montant de presque 3km, dans lequel je laisse mes dernières forces, fin du second souffle, game over (again) ! Mais le plus gros est fait, il ne reste plus qu'une petite succession de faux-plats sur pistes et singles descendants. Je distance Jérémy au gré de ses arrêts crampes (aucune crampe pour moi d'ailleurs, étonnant), et il me rattrape avec mes pauses. La dernière, obligé de descendre du vélo et m'assoir un peu par terre, à un kilomètre de l'arrivée... c'est pas qu'on veut faire durer le truc, mais ça devient juste impossible d'avancer. A ce stade on sait qu'on va aller au bout, mais c'est juste une question de temps. Encore un taquet bien raide, on se croit arrivés, et non y'a encore un mini détour, sur le coup je ne comprends pas, en fait c'était juste pour nous faire passer juste devant le château de Wangenbourg, bah je l'ai pas vu, pourtant il est imposant !
Cette fois c'est fini, retour au gymnase, il n'y a plus grand monde sur place mais on est accueilli comme des héros, applaudissements, photo finish, photo devant l'affiche de l'épreuve, t-shirt finisher, bouteille d'eau froide... la douche est chaude (pas envie), le jet d'eau pour les vélos est froid (ah ça c'est mieux). On échange quelques impressions avec les organisateurs, je leur dis tout le bien que j'ai pensé de cette première édition : beau parcours, ça manque peut-être un petit peu de singles sur la première moitié mais c'est plaisant quand même, la deuxième boucle est top, et la petite troisième très sympa aussi. De toutes façons sur 130km il faut de la variété.
Balisage absolument parfait, malgré la fatigue je n'ai jamais eu la moindre hésitation pendant presque 12h passées sur le parcours ! J'en finis donc en 11h50 environ (au compteur 127km et 2980m D+), avec certes beaucoup de pauses et d'arrêts cumulés, environ 2h je pense. C'était déjà suffisamment difficile comme ça en mode rando, on n'a jamais regardé le chrono, et d'ailleurs ça donne une bonne ambiance où tout le monde prend le temps de profiter. Le parcours en soi n'est pas très difficile, ça reste du assez roulant très beau et très ludique. Après ce qui est difficile c'est la longueur, 130km ça reste un gros morceau quand même, avec les problématiques habituelles d'alimentation/hydratation. Et surtout avec la chaleur cette année, c'était vraiment la grosse difficulté.
Sinon, j'en parle pas beaucoup parce que je connais déjà un peu, mais il y a quand même beaucoup de points de vue et de belles choses à voir tout au long du parcours. je trouve que ça fait un beau déplacement pour quelqu'un qui n'a jamais roulé là-haut, dans les Vosges du Nord, entre Moselle et Bas-Rhin.
A lire aussi, le chouette compte-rendu sur Vojo Magazine.
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