Super Crapauds !
Retour sur une édition encore très difficile. Comme souvent, la semaine qui précède les Crapauds on regarde la météo, pleuvra, pleuvra pas... car on sait que le terrain là-bas devient vite très compliqué en cas de mauvais temps. La semaine est chaude et ensoleillée, et malgré un gros orage le vendredi après-midi (au moment où je choisis mon emplacement), le beau temps revient dès le samedi matin.
Voilà cinq années de suite que je m'inscris aux Crapauds en solitaire : en 2013 (gros gros chantier de boue) je finissais 14ème, puis 12ème en 2014 (très sec et très chaud), en 2015 je n'ai pas pris le départ suite à ma chute sur l'enduro de Millau quelques semaines plus tôt, et l'année dernière (sec mais très froid) j'ai fini 9ème. L'objectif cette année ? Encore un top 10, voire top 5, pour continuer à progresser. Mais surtout profiter du weekend et prendre un maximum de plaisir sur ce toujours magnifique circuit et cet événement complètement à part dans le petit monde du VTT.
Le départ à 15h, cette fois les solos ne sont plus intercalés au milieu du paquet, mais relégués en toute fin de peloton, avec environ 450 équipes au départ cette année ça en fait du monde devant nous. La fusée pétard pour annoncer le départ, le pré à traverser en courant, on saute sur les vélos et c'est parti sur la start loop, qui rattrape assez vite le circuit normal. Départ très prudent en ce qui me concerne, ça roule toujours n'importe comment, les gens sont trop énervés, et certains ont du mal à rouler dans leurs déguisements (obligatoires sur le premier tour) parfois encombrants ! Et de toutes façons on a toujours droit à deux ou trois bouchons sur ce début de course, le temps d'étirer les pelotons. On découvre le nouveau parcours, assez différent des précédents, avec plusieurs secteurs inédits, d'autres plus habituels, mais globalement les enchainements sont assez variés. Par contre, toujours aussi difficile, dans les chiffres déjà : 13km, 450m D+. Et surtout sur le terrain, très exigeant, plutôt très technique, éprouvant, quasiment que du petit sentier dont quelques-uns improvisés qui se creusent au fil des passages, et très peu de secteurs de récupération. Pour info, le record du tour (parmi les concurrents en mode relai) se tient dans les 45min.
La course est lancée, et vers le milieu de mon premier tour, juste avant de passer sous le chapiteau, je suis pointé 48ème solo, dans la première moitié donc, mais à ce stade c'est anecdotique. Mes premiers tours se passent sans le moindre souci, même s'il est difficile de s'économiser sur un tel parcours. Même en roulant "le plus lentement possible", c'est super usant. Alors je bois, je mange, je bois... Et on profite du soleil tant qu'il est là. Et malgré tout, je dépasse beaucoup de concurrents. C'est ça aussi les Crapauds, un grand rassemblement de pratiquants de niveaux très variés, certains sont là pour le défi de faire un tour ou deux, sans tomber. Une première pause plus conséquente à la fin de mon 4ème tour, pour manger chaud et détendre les jambes, bras, épaules... ça tire déjà un peu partout, mais rien d'inattendu. Et il est déjà temps d'installer la lampe sur le cintre, mon 5ème tour se fera à moitié dans la nuit, et à moitié sous la pluie qui commence à tomber vers 21h. Double effet qui rend la course beaucoup plus difficile. Le circuit principalement en sous-bois reste épargné un moment, mais parsemé de racines et de cailloux devient d'un coup très piégeux quand la pluie finit par traverser les feuillages.
Petite pause à la fin de mon 5ème tour, je suis à ce moment remonté à la 23ème place je crois. Je me lance dans mon 6ème tour vers 23h, juste après les feux d'artifice. La pluie s'intensifie, et il n'y a quasiment plus personne sur le circuit. Cela reste roulable mais ce n'est plus du tout la même histoire, surtout que j'ai déjà quasiment 8h de roulage dans les jambes. Epuisé, je suis incapable d'intensifier mon rythme pour rester chaud. Je finis ce 6ème tour frigorifié vers 0h30, non sans quelques petites chutes (sans gravité), car le circuit est devenu pour moitié une belle patinoire, et pour l'autre moitié un gros bourbier. Je me change et alors que la pluie redouble encore je décide de me reposer quelques heures. Ce tour valait quand même cher, car je suis remonté d'un coup à la 12ème place (les classements sont visibles en live soit sur le site soit via l'appli des Crapauds, au top ce système). On est à peine à mi-course...
Je me repose pendant trois quatre heures, en somnolant bercé par la pluie qui tape très fort sur le toit de la tente. Les phares des vélos se réfléchissent sur la toile à chaque passage d'un concurrent, mais il n'y a plus grand monde qui tourne dans ces conditions. J'émerge vers 5h alors que la pluie a cessé. Dehors c'est toujours aussi calme. Il fait encore sombre dans certains passages, je garde la lampe et c'est parti pour ce 7ème tour. Un carnage ! Dès le premier talus à monter je rattrape un concurrent bloqué tellement ça glisse, on doit s'y prendre à deux pour réussir à passer les vélos en haut. Un peu plus loin, grosse alerte quand je pense avoir cassé mon dérailleur dans la boue, en fait il s'est bloqué en position "démontage", ce qui a peut-être servi de fusible (?). On se dit que ça va être long... et oui, 2h30 en fait pour faire ces 13km, j'aurais été plus vite à pieds ! Des passages à débourrer les roues toutes les 20 secondes, les roues bloquées qui ne tournent plus, le vélo trop lourd à porter... un calvaire (vers les secteurs "Nationale" ou "La Fourmilière"...). Je finis ce 7ème tour vers 8h.
Je délaisse alors le Dad trop vulnérable dans la boue, pour le Multi en fourche rigide qui ne bourrera pas à l'avant, sachant qu'il dispose également d'un peu plus de dégagement à l'arrière, et aussi que les petites roues collent moins au sol dans la boue. Effectivement, le 8ème tour se passe beaucoup mieux, j'ai bien fait de l'emmener. Mais dans certaines descentes, déjà délicates sur le sec, et depuis ravagées à la fois par les passages successifs et la pluie, je dois passer à pieds. Peu importe, l'important est de continuer à avancer et je boucle ce 8ème tour vers 11h.
Je me lance dans mon 9ème tour alors que je suis maintenant 7ème au classement, ça motive. Je roule aussi bien avec des solos qui sont aussi fatigués que moi, qu'avec des concurrents en équipe qui sont dans leur deuxième relai le dimanche matin. Depuis le départ ils n'ont fait qu'un tour sur le sec et ne reconnaissent plus le circuit après le déluge nocturne. Un autre solo me rattrape, on échange quelques mots, il est dans le même tour que moi, c'est la première fois que je cotoie un concurrent direct. Il me rattrape alors que je suis à pieds dans la partie la plus raide de la longue "Montée des Nains" (bonne chance pour taper le KOM, il appartient à Maxime Marotte). Je remonte sur le vélo un peu plus loin, et je vois qu'il n'est pas loin. Je fais l'effort de revenir sur lui, je n'y arrive pas tout à fait mais je le reprends dans la descente suivante (le secteur "Le Moine"). Et là, je m'accroche, au risque d'y laisser mes dernières forces, mais après tout, il ne reste plus que 3h de course. Un peu plus loin On s'improvise tous les deux un ravito verre de coca gentiment proposé par un stand un peu agité en bordure de circuit, super sympa ! Je repars devant, en accélérant un peu, derrière ça s'accroche et finalement ça lâche, voilà toujours une place sauvée. Le coca m'a fait du bien, je finis ce 9ème tour "assez vite", étonné de voir que les jambes répondent bien. En même temps la dernière boucle du circuit a été bien simplifiée, les traceurs ayant mis en place quelques déviations depuis le petit matin. D'ailleurs le circuit n'a cessé d'évoluer tout au long du dimanche, d'une part avec le terrain qui séchait un peu, et au fur et à mesure que les traceurs mettaient en place leurs plans B ou C sur les secteurs les plus sinistrés. Super réactivité pour nous permettre de continuer dans les meilleures conditions possibles.
Il est 12h30, je m'arrête une petite minute, par habitude à ce point de la course je sais que ça ne sert à rien de s'arrêter plus longtemps, je ne récupérerai pas plus selon que je m'arrête 5 ou 30 minutes. Donc une dernière banane et on continue ! Je gère mon dernier tour en surveillant juste les solos qui me rattrapent, mais je ne me fais doubler que par des concurrents frais qui n'ont quasiment pas roulé depuis la veille. Je m'arrête une nouvelle fois au ravito coca du tour précédent. Je me rendrai compte cent mètres plus loin que je me suis en fait arrêté sur un autre stand ! Mais ils m'ont quand même servi mon verre, merci ! Je finis à bloc (trop bon) mon 10ème et dernier tour que je boucle vers 14h05. Je suis alors classé 6ème, j'ai au moins 2 tours de retard sur le 5ème, et presque une heure d'avance sur le 7ème. Plus rien à gagner, plus rien à perdre, je suis trempé, j'ai froid. Stop, après environ 130km, 3700m D+, et 16 ou 17h de roulage.
L'après-course, un plateau saucisses-frites bien qui fait du bien, même si avec l'habitude j'ai plutôt bien géré mon alimentation sur ces 24h. Pas de fringale, pas de crampes, pas de déshydratation excessive, pas envie de recracher ce que je mangeais, quasiment toujours quelque chose sous la main dont j'avais envie... bref beaucoup de progrès au fil des participations. D'ailleurs encore merci à mes parents d'avoir préparé les rations, les bidons, nettoyé les vélos, rangé le campement...etc... sinon j'y serais encore !
Un bilan super positif, bien sûr la pluie a gâché une partie de la course, mais c'est redevenu très agréable à rouler progressivement le dimanche. Je me satisfais amplement de ma 6ème place en solo (sur environ 115 solos au départ). Ce sera difficile de faire mieux, mais de toutes façons je recherche déjà trois équipiers motivés pour 2018, cette fois c'est certain j'ai envie de varier un peu les plaisirs et d'y retourner en équipe l'année prochaine ! Les Crapauds, c'est complètement fou, venez venez avec moi !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire